Ouverture
Chers lecteurs du Mensuel,
Annoncer notre rentrée est chose facile tant ce numéro du Mensuel témoigne de la vivacité et de la rigueur de notre travail passé, et nous encourage à poursuivre après cette parenthèse de vacance que nous espérons avoir été des plus agréables pour chacune et chacun.
Les six derniers exposés du séminaire École montrent que sur un texte plus que commenté, Télévision, il est toujours possible de ne pas s’engluer dans les sentiers battus et d’ajouter sa part avec esprit, ce gage du sérieux.
Cette année nous a offert aussi de beaux textes lors de nos Journées nationales sur les hystéries, sur l’enfant, sur Dostoïevski, personnage qui était loin de laisser Freud indifférent. Elle a trouvé son point d’orgue à Buenos Aires pour la VIIe Rencontre d’École et le XIe Rendez-vous international des Forums du Champ ici présents aussi.
Trois « Billets » annoncent nos journées des 26 et 27 novembre, sur la question simple et directe : que paye-t-on dans une psychanalyse ? Cette pratique du paiement, en argent pour l’un, en mode de vie pour l’autre, instituée par Freud et confortée par Lacan, est-elle aujourd’hui toujours aussi solidement fondée en raison ?
C’est que le monde a changé, ces vacances ont confirmé les signes précurseurs de la « Proposition » : ça brûle partout et l’air se fait de plus en plus irrespirable. Depuis la pandémie, la lutte pour la survie s’insinue bruyamment dans tous les domaines de notre existence, même si nous restons des privilégiés, même si l’inflation ne nous affamera pas, même si dans nos villes tempérées le changement climatique ne nous menace encore que de loin. La possibilité de radiations venues de l’Est et de nouvelles vagues virales s’ajoutant, annoncer la rentrée n’est pas chose aisée.
L’eco-anxiété est aujourd’hui un thème prévalent, reléguant l’angoisse de castration aux soucis d’un autre âge, où certes ça craquait déjà, mais où on voulait penser que ça pouvait s’arranger. Dans l’actualité de notre microcosme, les psychanalystes s’écharpent à propos des questions de genre qui occupent le devant de la scène publique, chacun expliquant à l’autre et à tous qu’il en a mieux compris les enjeux pour se présenter comme le vrai psychanalyste.
Et si, avec notre affaire de paiement, nous étions au cœur de la question ? Certes, avec les contraintes sur notre vie quotidienne qu’imposera le contrôle de l’utilisation des ressources restantes, avec l’exacerbation de toutes les formes de violence qui l’accompagneront, l’avenir peut n’être pas rose (quand d’ailleurs l’a-t-il été ? – ni pour Freud ni pour Lacan qui ont chacun traversé le pire du vingtième siècle). Il n’en reste pas moins que les parlêtres[1] demeureront ces vivants à qui leurs rêves, avec leurs seuls jeux signifiants, leurs jeux de l’esprit, assurent ce qu’il faut de jouissance pour que l’histoire continue. Il n’est pourtant donné à personne de vouloir le savoir, ni de parvenir à s’en satisfaire ; il semblait même à Freud qu’à ce savoir inédit l’humain était particulièrement rétif.
Certains néanmoins y mettent le prix pour s’affranchir de leurs idéaux, s’autoriser les joies si singulièrement puissantes de l’esprit, sans s’interdire pour autant l’accès au plaisir. Comment cela se fait-il ? De quoi en novembre interroger ensemble notre pratique de la psychanalyse, à partir de ce qui se joue de réel dans le transfert et ses mystères.
Les billets, coupures, miscellanées qui accompagnent notre réflexion et ont été déjà diffusés sur les listes sont accessibles sur la page web [2] ; mais d’ici les journées, il continuera d’en pleuvoir, avec l’espoir d’apporter quelque fraîcheur ; l’ensemble sera publié dans le Mensuel de novembre.
À bientôt donc, en vous souhaitant bien sûr une enrichissante lecture,
Marc Strauss
Sommaire
Ouverture
- Pages 5-7 Ouverture
Séminaire École
- Pages 14 – 23 « J. Lacan, Télévision, Question VI » Françoise Gorog et Radu Turcanu
- Sol Aparicio
- Marc Strauss
- Sidi Askofaré
- Colette Soler
Et entre-temps…
- Du psychanalyste immunisé Alexandre Faure
Journées nationales : « Hystérie »
- Ladite hystérie de Socrate Adrien Klajnman
Enfance et psychanalyse
- Ce qui fait troumatisme pour l’enfant Jean-Paul Montel
- Se cacher à l’Autre Pantchika Doffémont
Art et psychanalyse
- Fiodor Dostoïevski – Jouer sa vie Francis Le Port
XI° Rendez-vous de l’Internationale des Forums Buenos aires, 1-2 juillet 2022 Journées préparatoires : « Traitements du corps dans l’époque et dans la psychanalyse »
- Présentation François Terral
- L’ontologie des corps de Jean-Luc Nancy Élisabeth Rigal
- La question du corps chez Foucault, une symptomatologie philosophico-politique pour un dialogue possible avec la psychanalyse Patrick Coste
Fragments Journées nationales, Paris, 26-27 novembre 2022 « Qu’est-ce qu’on paye en psychanalyse ? » Billets
- Payer pour perdre François Terral
- Pour quoi ? Du plus au moins Claire Parada
- Billet argentin ! Marie-José Latour
Bulletin d’abonnement
Anciens numéros
Notes de bas de page
↑1 | Lorem ipsum |
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↑2 | https://www.champlacanienfrance.net/JourneesNationales |