Ouverture
Authume, lundi 17 janvier 2022
Dans le Mensuel sont publiés les travaux de ceux qui pensent la psychanalyse lors de séminaires, de conférences, de cartels, de préludes, de Brèves… Ces publications constituent un lien d’École dont le but est d’interroger la psychanalyse, de l’étudier activement, ainsi que d’analyser les effets cliniques qu’elle produit. Cela ne peut se faire seul mais à plusieurs.
Ce lien d’École, en partant du cartel, Lacan l’a formalisé ainsi dans l’« Acte de fondation » : « Ceux qui viendront dans cette École s’engageront à remplir une tâche soumise à un contrôle interne et externe. Ils sont assurés en échange que rien ne sera épargné pour que tout ce qu’ils feront de valable, ait le retentissement qu’il mérite, et à la place qui conviendra 1. » Il ajoute : « Le succès de l’École se mesurera à la sortie de travaux qui soient recevables à leur place 2. »
Nos publications témoignent de la façon dont les membres de l’École pensent la psychanalyse et font exister l’inconscient. Colette Soler nous rappelait l’importance des élaborations de chacun pour faire exister l’inconscient dans le discours : « […] comment l’inconscient pourrait un peu exister comme un fait. Une seule réponse : par les productions des analystes. C’est ce qui s’est passé pour Freud. Freud a réussi à faire exister l’inconscient dans le discours à partir de ses œuvres, non pas à partir de ses cures. À partir – bien sûr ça supposait les cures –, mais à partir de ce qu’il a élaboré et pensé à propos des cures 3. »
Les signifiants présents dans les textes servent d’appui et circulent pour alimenter l’élaboration de chacun. Chaque lecteur est différent car il lit à partir du questionnement qui est le sien au moment de sa lecture. Qui ne peut témoigner de l’expérience qu’il a pu faire lors d’une deuxième lecture d’un texte, d’être surpris d’y découvrir des propos et des idées qu’il n’avait pas perçus la première fois ? Un lecteur ne lira donc pas deux fois le même texte de façon identique. Il est partie prenante dans ce rapport auteur-lecteur. C’est ce que nous constatons de façon exacerbée dans le cartel, création de Lacan qui l’a mise au premier plan en 1964 lors de la création de l’École française de psychanalyse. Les cartellisants (4 + 1) réfléchissent et échangent lors de leurs rencontres, en prenant appui sur les ouvrages de Freud et de Lacan, ainsi que sur des textes publiés dans le Mensuel ou dans les revues de l’EPFCL pour construire une élaboration propre à chacun. Je fais écho ici à la « Lettre aux lecteurs » d’Alexandre Faure où il évoque le « cartel-lisant 4 ». Dans le cartel, nous avons une articulation importante entre la parole, la lecture et l’écrit qui s’entrecroisent, avec éventuellement les productions écrites des cartellisants.
En créant les cartels, Lacan voulait permettre qu’une identification de type hystérique puisse s’établir entre les cartellisants, chacun étant présent à partir de son non-savoir. En effet, afin d’éviter une identification basée sur l’autre idéalisé, comme dans la foule, ce qui est visé, c’est une identification au désir de l’Autre : s’identifier au désir en tant que manque à savoir. Mais cela existetil uniquement dans le cartel ? Cela ne peut-il être présent égale ment dans ce qui peut réunir les auteurs et les lecteurs du Mensuel, où cha cun s’implique à partir de son manque à savoir ? La circulation des signifiants des auteurs, si elle ne vient pas faire bouchon au questionnement, mène vers une réflexion et une élaboration pour le lecteur. Ces passages de l’un à l’autre créent une dynamique de travail.
Souhaitons que ce soit le cas par cette lecture !
Giselle Biasotto-Motte
Sommaire
Ouverture
Séminaire École
« J. Lacan, Télévision, Question VI »
D’un pôle à l’autre
- Carole Leymarie, Qu’est-ce qui angoisse ?
- Jean-Michel Valtat, « Il n’y a pas de structure perverse », dites-vous ?
- Frédéric Pellion, Usages cliniques du néologisme
- Michel Bousseyroux, Comment enseigner sans délirer ? Entre raison du mathème et réson du poème, la psychanalyse
Et entre-temps…
Espace AE
Journées nationales : « Hystérie »
- Irène Tu Ton
- Patricia Gavilanes, Amour d’homme
- Francis Le Port, Psychose hystérique ?
- Coralie Vankerkhoven, Dit-solution mystique : réponse à l’hystérique ? Et aujourd’hui ?
XIe Rendez-vous de l’IF-EPFCL
Buenos Aires, 29 juin – 3 juillet 2022
« Traitement du corps dans l’époque et dans la psychanalyse »
Prélude
Brèves
Fragments