Billet de la rédaction
Chères lectrices et chers lecteurs du Mensuel,
Cet éditorial de novembre vous annonce les Journées nationales de l’epfcl-France des 5 et 6 décembre 2020 : « Faire des enfants, ou pas ». Nous avons le plaisir de vous y inviter, et nous avons mis tous nos efforts pour maintenir notre projet initial qui était que ces Journées soient suivies en grand nombre en France et à l’étranger, par nos collègues de langue espagnole et italienne. C’est ainsi qu’elles seront accessibles par visioconférence par Zoom en même temps qu’à la Maison de la Poésie à Paris, dans une salle de 120 personnes.
Le thème fait écho à notre actualité concernant l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples de femmes, ainsi que la levée partielle de l’anonymat du tiers donneur. Cela touche donc à la question du droit, des nouvelles lois de bioéthique et aux avancées de la biologie et de la médecine. Ces Journées seront l’occasion de mettre à l’épreuve ce que la psychanalyse nous enseigne sur le désir d’enfant, sur le devenir d’un enfant à notre époque et ce qui se transmet dans les générations. Qu’est-ce que la fonction maternelle et la fonction paternelle ? Jusqu’où vont les changements actuels, quelles en sont les incidences et comment l’analyste s’accommode-t-il à la subjectivité de son époque ?
Ces Journées ont été préparées en amont par des préludes que vous pourrez lire dans ce numéro de novembre ainsi que dans celui de décembre.
Le prélude de Radu Turcanu évoque la façon dont il est possible, pour un enfant, dans un atelier d’expression, de suivre les traces de ce qui a fait don dans ses constellations familiales, au-delà du don de la science. Celui de Frédérique Decoin Vargas retrace le rapport de la femme à la sexualité et au désir d’enfant suivant les époques et cite deux références de Lacan au sujet de l’énigme de la paternité en relation avec l’insémination artificielle. Bruno Geneste met en rapport l’enfant « anharmonique » avec le malentendu entre les sexes. Esther Morère Diderot évoque la façon dont le désir « in-nommable » dans la PMA peut être décliné dans les coordonnées de la transmission inconsciente.
Il y a eu plusieurs activités préparatoires à ces Journées dans les différents pôles. Vous pourrez lire des interventions qui ont eu lieu lors de l’après-midi du 4 juillet 2020 du pôle Aix-Marseille-Corse avec les autres pôles du Sud-Est. C’est la question du « faire » un enfant qui est alors interrogée par Dominique Marin, qui souligne « combien on ne sait pas ce que l’on fait lorsqu’on fait un enfant ». Christophe Charles questionne la fonction paternelle ou maternelle à partir de l’enfant qu’on a été soi-même. Jean-Yves Proësamlé développe la question de la place de l’analyste dans une cure d’enfant face à la soumission au désir de l’Autre parental.
Vous retrouverez ensuite la rubrique « Corpus naturæ », avec la photographie de Sabrina Ambre Biller d’un modèle féminin comme support d’une matière de la nature, et le poème écrit par un jeune homme transmis par Ève Cornet.
Vous pourrez lire les interventions aux deux soirées du séminaire École « Actualité de la névrose ». L’une concerne la clinique borroméenne de la névrose, dans laquelle Marc Strauss développe en quoi les noeuds borroméens introduisent du nouveau dans la clinique. L’autre soirée a pour thème la plaque tournante de la phobie. Jean-Pierre Drapier articule l’inhibition et l’angoisse produite par l’omniprésence du signifiant Covid-19 avec ce que Lacan a développé du « tigre de papier » dans la phobie. Quant à Dominique Marin, il met en rapport le confinement des corps et de la parole désirante avec la névrose obsessionnelle, avec la question « que peut la psychanalyse ? ». La dernière partie porte sur le traitement du corps dans l’époque et dans la psychanalyse, et est introduite par Anne Castelbou Braana, à propos des interventions prévues à Toulouse pour préparer le Rendez-vous international à Buenos Aires. Marie-José Latour développe, à partir du statut respectable des corps, la question de savoir comment faire avec le réel de notre destin de mortel face à l’engluement imaginaire de la pensée. Aurélie Douirin interroge la question de la confrontation des corps dans l’analyse avec les enfants, à partir des séances effectuées avec les moyens virtuels. Quant au témoignage de Sophie Rolland-Manas, il saisit les instants fugaces et les résonances de la rencontre des mots avec le corps. Ce numéro se termine sur le commentaire, effectué par François Terral, du livre de David Bernard Lacan et la honte, de grandes précision et portée clinique, qui situe, parmi beaucoup d’autres points, la honte comme affect éthique indice du réel.
Anita Izcovich
Sommaire
Journées nationales EPFCL, 5 et 6 décembre 2020
« Faire des enfants, ou pas »
Préludes
- Radu Turcanu, La fabrique des enfants et leurs ateliers d’expression
- Frédérique Decoin Vargas, Pro-création
- Bruno Geneste, L’enfant anharmonique
- Esther Morère Diderot, Un désir in-nommable ?
Journée préparatoire
- Jean-Yves Proësamlé, « Je ne t’aime pas »
- Christophe Charles, Faire des enfants, ou pas
- Dominique Marin, Faire, signer
Entrée des artistes
Séminaires École
« Actualité de la névrose »
La clinique borroméenne de la névrose
Plaque tournante et névrose
- Jean-Pierre Drapier, « Pas d’panique » ou l’efficace de la phobie
- Dominique Marin, L’a-normalité névrotique ou la parole confinée
Traitement du corps dans l’époque et dans la psychanalyse
- Anne Castelbou Branaa, D’une rencontre attendue à une rencontre annulée… quelques brefs échos
- Marie-José Latour, Le statut respectable du corps
- Aurélie Douirin, De la question de la présence réelle dans la psychanalyse avec les enfants
- Sophie Rolland-Manas, Du vivant dans la passe… et après…
Brève