Mensuel 052 – Mai 2010

Introduction

Marie-José Latour

Petit exercice délicat que cette introduction au Mensuel, soit à cet outil du lien dans notre École de psychanalyse. Certes, lier est l’anagramme de lire et, en effet, la lecture requiert un usage de la liaison. Lire les références littéraires, philosophiques, lire Lacan, lire ses collègues est indispensable à celui qui fait profession de lire l’inconscient, à celui qui a donc à prendre en compte les liaisons dangereuses. De son expérience singulière de la lecture, chacun des auteurs de ce numéro du Mensuel témoigne.

Chaque psychanalyste qui intervient dans le séminaire École, « Le réel dans la cure, ses incidences dans la passe et l’École », témoignant de la façon dont il se confronte à cette dimension de l’impossible tant dans les cures que dans la façon dont il en parle, se trouve à relever le défi d’aller plus loin que l’aporie. En effet, c’est bien de soutenir ce pari insensé qu’il est question quand Jacques Adam nous invite à mesurer ce que requiert de « lire une béance » ou « penser les rapports de la vérité et du réel », ou bien quand Élisabeth Léturgie postule la tâche du passant comme celle d’« énoncer ce qui du langage en est exclu », ou bien encore quand Luis Izcovich cerne la différence entre la satisfaction de fin d’analyse et celle plus connue du « c’est assez ».

Dominique Marin, en nous ménageant un accès à la lecture de L’Éthique de Spinoza, réactualise ce que le désir du psychanalyste, tel que Lacan le définit à la fin du séminaire Les Quatre Concepts fondamentaux, doit à celui qu’il a lu dès l’âge de 14 ans, tapissant sa chambre d’étudiant avec le plan de l’ouvrage.

Laurence Mazza-Poutet nous invite à lire Aharon Appelfeld pour redécouvrir comment la lecture peut ranimer la trace des années de silence et rouvrir l’étrange de l’abri qu’est une langue, abri pas toujours sûr, et pourtant.

Enfin, Claude Léger, avec un humour décidé, se fait son propre lecteur, son propre critique, et d’une plume sainement acerbe porte ainsi les petits riens à la puissance deux. Souhaitons que la multiplication se poursuive, car, comme le disait Raymond Devos, « deux fois rien, ce n’est pas beaucoup, mais trois fois rien c’est encore quelque chose », et combien précieux !

Sommaire

Marie-José Latour : Introduction

Séminaire École 2009-2010 : Le réel dans la cure, ses incidences dans la passe et l’École
Jacques Adam : Vérité et réel
Élisabeth Léturgie : Un reste de réel après la passe ?
Luis Izcovich : La satisfaction inédite 

Travaux des cartels
Dominique Marin : Au-delà du « Dieu obscur », l’athéisme de la psychanalyse ?

Chroniques
Lecture
Laurence Mazza-Poutet : « Du gravier dans la bouche », Histoire d’une vie, d’Aharon Appelfeld
Petits riens
Claude Léger