Après cent ans d’essais sur la puberté et l’adolescence, la psychanalyse se confronte toujours au réel de sa clinique et y trouve les meilleurs vérifications de sa théorie. Pas de théorie de la clinique de l’hystérie, par exemple, sans Dora ou la jeune homosexuelle, deux adolescentes qui ont mis le maître Freud au travail de création de la psychanalyse elle-même.
En effet, déjà dans « l’Esquisse d’une psychologie scientifique » (1895), Freud avait pu écrire que « tout adolescent porte en soi le germe de l’hystérie », ce qui pose plusieurs questions au niveau même des diagnostics. D’où aussi mon hypothèse : il n’y a d’adolescence à proprement parler que dans ce que Lacan a proposé au départ comme structure névrotique. Conséquence : quelle est notre orientation pour la clinique de la psychose ? Question pour laquelle Lacan vient à notre aide, d’abord avec le rapport du sujet à l’Autre du langage et la métaphore paternelle qui y oriente le désir, ensuite avec le rapport à l’Autre dans le champ de la jouissance, ce qui nous permet de vérifier les enjeux de l’adolescent dans les discours, dans les moments de l’histoire et dans ses modes de jouissance, la drogue, le suicide, l’acte d’une façon générale. Comme j’ai déjà pu l’écrire: « L’adolescence est avant tout : 1 ) un long travail d’élaboration des choix. 2) un long travail d’élaboration du manque dans l’Autre […] » (L’adolescent et l’Autre, p. 16). Cet Autre est celui du désir, de la culture et de l’Autre sexe. Comment le vérifier aujourd’hui ?