Comment parler du corps ?

« Le point vif, le point d’émergence de quelque chose dont
tous ici nous croyons plus ou moins faire partie, l’être parlant
pour ainsi dire, c’est ce rapport dérangé à son propre corps
qui s’appelle la jouissance. »
Jacques Lacan, Le Séminaire Livre XIX, p.43.
Se demander comment parler du corps ? implique déjà que cela ne va pas de soi et revient à interroger la double articulation réciproque du corps à la parole. D’un côté la limitation d’un dire sur le corps, de l’autre la nécessaire incorporation du langage pour parler.
Ainsi comment la parole peut-elle offrir un témoignage sur le corps dans ses tourments, douleurs où tout événement faisant symptôme ? N’est-elle qu’une traduction incomplète d’un éprouvé corporel, ou contient-elle en elle-même sa propre corporéité ? Pour la psychanalyse, la question est centrale, car elle n’a d’accès au corps que par ce qui s’en dit, et d’autre part, ses effets ne tiennent qu’à
l’interprétation d’un dire.
Que le corps de l’Homme soit un corps parlant, le distingue de l’organisme, auquel la science a affaire et lui adjoint un organe supplémentaire : la libido. C’est elle qui l’anime, lui donne ce mouvement que l’artiste recompose et le pousse vers son semblable, dans le champ social. La parole produite s’inscrit donc dans un discours, tenant lieu de lien social, qui n’est pas indemne des aspérités de l’époque. La nôtre charrie son lot de questions sur un corps qui se transforme, s’augmente, se montre et ses corollaires réponses éthiques…