Rencontre avec la créatrice de mode Véronique Leroy
Animée par Anne Castelbou-Branaa
Avec la participation des membres de la Commission Entre-Champs
Nous recevons en tant que psychanalystes des sujets pour qui « se faire un corps », habillé des images identificatoires et marqué des traits signifiants attribués par l’Autre, peut se révéler douloureux ou symptomatique. Le vêtement participe à l’investissement du corps, à sa représentation, à son inscription dans le lien social avec l’adoption ou le rejet des codes vestimentaires de l’époque.
Mais quel désir préside à la vocation de vouloir habiller le corps d’un autre ?
Véronique Leroy, après avoir été témoin de l’engagement d’Azzedine Alaïa dont elle fut l’assistante, a créé sa propre marque de « prêt à porter ». Dans une position très originale vis à vis de la « tyrannie » de la mode, elle ne craint pas de se démarquer des diktats du moment. Elle privilégie dans ses inventions stylistiques, certaines formes, certains détails, afin de mieux « remodeler » et même de « sublimer » le corps de celles à qui le style de ses créations vestimentaires peut faire signe d’un plaisir à les porter. Soucieuse de rendre les femmes sensibles à leur beauté, elle se range dans la tradition de ceux[1] qui ont aimé ou qui ont fait la mode, qui ne peut pourtant que se démoder.
Barthes R., Le système de la mode, Paris, Seuil, 1967.
Baudelaire C. , « Éloge du maquillage », in « Le peintre de la vie moderne », publié dans Le Figaro des 26, 29 novembre et 3 décembre 1863.
Mallarmé S., La dernière mode (Journal rédigé par lui même, entre septembre et décembre 1874 sous des pseudonymes féminins), Œuvres Complètes, éditions la Pléiade, Paris, Gallimard, 1945, p. 705-847.