Chers collègues,
en mars 2012 la Haute Autorité de Santé (HAS) et l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) sortaient un rapport sur l’autisme assortit de recommandations en matière de traitement. Celles-ci excluaient du champ des interventions recommandées, la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle, au motif que les données sur l’efficacité de ces pratiques manquaient. On se demande comment ces institutions ont pu ignorer l’abondante littérature psychanalytique existante sur ce sujet.
Octobre 2012 le Conseil Economique, social et environnemental (CESE) publie un autre rapport portant sur le coût économique et social de l’autisme. Le CESE dans son introduction se fixe pour objectif de « sortir d’une spirale infernale de « querelles de chapelle » (…) entre les tenants du tout psychanalyse et du tout éducatif, dont les personnes autistes et leurs familles sont prisonnières depuis de nombreuses années ». La direction indiquée pour sortir de cette querelle, qui n’est pas celle de la psychanalyse mais de ses détracteurs, est la même que celle prônée par la HAS puisque le CESE reprend à son compte ses recommandations en matière éducatives et thérapeutiques : promotion des méthodes ABA et TEACCH.
S’agissant d’un rapport sur le coût économique de l’autisme une invitation en matière de distribution des allocations budgétaires vient tout logiquement conclure ce rapport au profit des institutions qui respectent les recommandations de la HAS et au détriment du secteur sanitaire puisque comme l’affirme péremptoirement le CESE l’autisme n’est pas une maladie mentale. Sont ici visé les quelques établissements et hôpitaux psychiatriques qui traitent encore des sujets autistes avec souvent une référence à la psychanalyse.
Notre colloque sur « Le psychanalyste et l’autisme » tenu le 29 septembre 2012, axé sur la clinique de l’autisme et l’action du psychanalyste , a rencontré un franc succès avec 270 participant venus d’horizons très divers. On a pu, sans esprit de polémique, vérifier à partir d’exposés de cas les effets thérapeutiques certains de l’intervention d’un psychanalyste dans le traitement de l’autisme. Ces simples constations suffisent en elles-mêmes à réfuter l’origine purement génétique de cette pathologie.
Quoi qu’il en soit de l’étiologie de l’autisme, sa cause, la pratique analytique trouve toute sa légitimité dans ses résultats et ne saurait être banni de l’éventail des traitements de l’autisme au motif que ceux qui en décident sont sourds à ses effets thérapeutiques.
Bien cordialement,
Patrick Barillot.