Séminaire École

Lecture de « D’un discours qui ne serait pas du semblant »

Le Séminaire XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant, occupera notre Séminaire École pour la deuxième année consécutive, avec le commentaire des leçons 6 et 8 à 10, mais réservant la densité de leçon sur « Lituraterre » pour un autre moment.

Repartons de l’intention première de Lacan avec ce séminaire, qu’il mène de façon logicienne et particulièrement performative, « comme on fait des fleurs japonaises [1] » : examiner le rapport entre la parole et l’écrit, entre le signifiant et la lettre, avec le dessein de cerner le réel, soit l’impossible de tout discours grâce à ce qui fait bord dur, « littoral » à ce réel et qui n’est autre que l’objet petit a en tant qu’il est le comble de l’écrit.

L’écrit, pose Lacan, n’est pas le langage mais la trace de l’effet de langage. Second par rapport à toute fonction du langage, il est quelque chose de tombé de la parole. Mais sans lui, ne saurait en retour être questionné ce qui résulte de l’effet de langage. L’écrit, donc, est au cœur de l’expérience analytique, comme le séminaire le démontre, donnant dans sa seconde moitié une large place à la clinique, celle des névroses et celle des positions sexuées. Qu’y a-t-il de commun entre la béance qui sépare écrit et parole, l’impossible qui sépare vérité et jouissance et l’impossibilité d’écrire le rapport sexuel ? Quel cas la névrose en fait-elle ? Encore, comment hommes et femmes peuvent-ils autrement trouver « le gage de leur entente[2] », les impasses du verbe et le tiers terme qu’est le phallus marquant pour chacun leurs « affaires[3] » d’une irrémédiable opacité ? Comme au-delà à la fonction de l’écrit, c’est là un enjeu majeur des dernières leçons de ce séminaire qui rejoint celui des fins de l’analyse.

La mise en relief de la lettre nécessitera d’aller au-delà des quatre discours, dont la structure ne suffit pas dès que l’on fait surgir son instance. Les leçons commentées lors de l’année écoulée nous ont laissés au seuil d’une reprise du « Séminaire sur “ La Lettre volée ” » (1956). Lacan donnera désormais, par le retour à ce « truc assez chiadé [4] », champ aux rapports du discours et de la jouissance qui font le sel de ce Séminaire XVIII, faisant fleurir des néologismes (achose, papeludun, hommoinzin, un en peluce, etc.) comme autant de concepts limites pour, de la logique qu’ils portent, serrer le réel du sexe. En naîtront les quanteurs qui évaporent l’eau du sens qui subsistait dans les mythes freudiens et qui écrivent le véritable manège du phallus, manège où fait péripétie la lettre et dans lequel tourneront les séminaires ultérieurs.

Comme l’an passé, le pluriel des interventions s’essaiera à donner quelques prises dans les ravines creusées par le questionnement de Lacan cette année-là.

[1] J. Lacan, Le Séminaire, Livre XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Le Seuil, 2006, p. 35.

[2] Ibid., p. 145.

[3] Ibid.

[4] Ibid., p. 93.

 

Bruno GENESTE

 

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