XIII Rendez-vous de l’Internationale des Forums – IX Rencontre internationale de l’École de psychanalyse des Forums du Champ lacanien
L’éthique de la psychanalyse et les autres
XIII Rendez-vous de l’Internationale des Forums – IX Rencontre internationale de l’École de psychanalyse des Forums du Champ lacanien, 24-25 juillet 2026
Éthiques
Nous disons « L’éthique psychanalytique et les autres » car « l’éthique est relative au discours »[1], il y en a donc plusieurs au gré de ce qui ordonne les liens sociaux. A suivre les quatre que Lacan a distingués, il y aura donc celle du maître, celle de l’hystérique et celle de l’universitaire. A quoi il faut ajouter encore celle des liens du temps, le notre, où l’objet de la psychanalyse, l’objet a de Lacan est désormais « au zénith social » d’où il a éclipsé le signifiant maître, au profit de liens médiés seulement par l’objet. Lien individuellement électifs, optionnels, donc aussi précaires que les appétences de chacun, ce qui ne les empêche pas d’être éventuellement pris en masse pour peu qu’un même objet soit mis en facteur commun pour le grand nombre.
L’éthique psychanalytique, elle, c’est l’éthique qui, repérée ou non, oriente l’acte psychanalytique au jour le jour dans les psychanalyses, quand il y a psychanalyse. Elle a en commun avec celle de notre temps d’être optionnelle, elle n’est pas pour tous, il y faut un désir spécifique, nouveau, le désir dit par Lacan… de l’analyste. Pas moins indicible qu’un autre, mais désir d’exception, dont le concept est encore à préciser, car, contrairement à ce qui vectorialise chaque désir individuel il n’est porté ni par la chaîne signifiante d’un Je ni par l’objet qu’elle engage, et cependant c’est lui qui cause le désir analysant. Cette éthique du désir qui contre les impératifs de la grosse voix du surmoi, et dont la voie -« avenue » selon le terme de Lacan – suit celle de la demande, Lacan la dit dès « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache », éthique « du silence »[2], éthique « convertie au silence » par le fait que le désir, « incompatible avec la parole », est indicible.
L’éthique de l’acte, soit de ce qui opère, vient de là. Elle le suppose ce désir et ce silence, mais elle n’en est pas orientée puisque seule « la demande à interpréter »[3] peut dire son objet. C’est à ne pas penser qu’il opère l’analyste et ce qui ne pense pas c’est l’objet a en tant qu’il « se soutient de logique pure »[4] – celle des quantificateurs.. Du coup « dans l’éthique qui s’inaugure de l’acte, – nouvelle donc – (…) la logique commande[5].
Sans normes par conséquent l’éthique de l’acte, car si c’est la logique qui commande les normes sont déboutées, fussent-elles œdipienne, ou sexuelles, et s’impose une pratique « sans valeur », étrangère par conséquent à toute axiologie. Point essentiel, on l’accordera, pour tous ceux qui s’intérrogent sur la portée politique de la psychanalyse, et sur son rôle quant aux diverses idéologies du temps, qu’on les disent progressistes ou réactionnaires puisque toutes sont normatives. Alors, la logique, que commande-t-elle ? Rien que nous ayons à choisir, elle plie la pratique au réel du langage, à ses impossibilités et à ses nécessités.
Pas sans un désir de savoir, cependant l’éthique de l’acte. Lacan n ‘a-t-il pas dit à propos du boudoir sadien comme des Ecoles de philosophie antique que l’on y » prépar(ait) la science en rectifiant la position de l’éthique« [6]. Ce que confirment les quelques tenants du gay savoir qui selon « La lettre aux italiens », furent à l’origine de la psychanalyse.
Et si on voulait reconnaître dans ces commandements de la logique, une éthique « qui a les mains propres car elle n’a pas de main » comme ce fut dénoncé d’une autre, il faudrait voir où elle conduit celui ou celle qui vient à sa portée.
La logique préside effet à ce vers quoi va toute analyse d’où qu’elle soit et dans quelque langue que ce soit, à cause du réel du langage qui s’y manie, soit :
– au-delà du mi-dit de la vérité, et de la répétition, toutes deux nécessaires
– au point où le sujet supposé savoir du transfert déclare forfait, c’est « faille » dit Lacan, soit la butée sur l’impossible où « toute stratégie vacille », où il y a trou dans le calcul possible,
– Là même cependant où chacun, « a sa chance d’insurrection« [7]. bien loin d’être emprisonné par cette structure, avec la question de savoir ce qui s’impose au un par un là où cesse la régence de l’Autre. Certainement aucune fin standard, et sûrement aucune compacité idéologique, plutôt l’option singulière, libératoire, d’un désir unique, et/ou la fixion d’un symptôme, un choix de jouissance, ou un dire sinthome singulier… « L’obscure décision de l’être » en acte. Rien qui fasse masse en tous cas.
Autant de points sur lesquels un aggiornamento serait bien utile.
[1] Lacan, J. (1973) Television. Autres écrits. Paris : Seuil, 2001, p. 541.
[2] Lacan, J. (1960) Remarque sur le rapport de Daniel Lagache. Écrits. Paris : Editions du Seuil, 1966, p. 684.
[3] Lacan, J. (1973) Postface au Séminaire XI. Autres écrits.Paris : Seuil, 2001, p. 505.
[4] Lacan, J. Compte Rendu du Séminaire 1967-1968 sur L’acte analytique. Autres écrits. Seuil, 2001, p. 377.
[5] Ibid. p. 380.
[6] Lacan J. (1962) Kant avec Sade. Ecrits. Paris : Seuil, 1966, p. 765.
[7] Lacan, J. (1970) Radiophonie. Reponse à la question II. Autres écrits. Seuil 2001, p. 408.
Colette SOLER
1er janvier 2025
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IX Rencontre internationale de l’École de psychanalyse des Forums du Champ lacanien, 23 juillet 2026
Commissions
Commission scientifique
Beatriz Oliveira (Brasil, Coordinatrice) ; Colette Soler (France), Alejandro Rostagnotto (ALS), Gioconda Espina (ALN), Mikel Plazaola (España), Diego Mautino (Italia), Devra Simiu (english speaking zone), Sara Rodowicz-Slusarczyk (zone plurilingue/plurilingual zone).
Commission de l’organisation
Sandra Berta (Présidente), Heloisa Ramirez (Trésorière), Sheila Skitnevsky Finger (Secrétaire), Ana Paula Pires (Directrice FCL-SP, 2023-2024), Leonardo Assis Lopes (Directeur FCL-SP, 2025-2026), Samantha Abuleac (Secrétaire FCL-SP, 2025-2026), Cibele Barbará (Trésorière FCL-SP, 2025-2026), Luciana Guarreschi (Coordinatrice de la Commission Traduction), Caroline Mortagua (Coordinatrice de la Commission Diffusion), Tatiana Assadi (Coordinatrice de la Commission Culture), Miriam Pinho-Fuse (Coordinatrice de la Commission Librairie).