Introduction
Par Patrick Barillot
Coup de projecteur sur le CAPA
Ce numéro du Mensuel consacré à la clinique des enfants et des
adolescents dans l’institution nous donne l’occasion de faire un bilan
d’étape du Centre d’accueil psychanalytique pour adolescents, ou
CAPA, après un an et demi d’existence.
Petit rappel historique
La création du CAPA, impulsée par l’EPFCL, s’origine dans le
constat que la clinique psychanalytique et le discours qui la soutient
sont en perte de vitesse, voire menacés de disparition dans les institutions des champs médical et médico-social qui jusqu’à peu leur
permettaient d’exister.
Pour s’en convaincre, s’il en est encore besoin, il suffira de se
reporter au prochain «plan autisme» que le gouvernement présentera à la mi-mai. Ce nouveau programme d’action confirme la sortie
de l’autisme du champ de la psychiatrie, mouvement déjà en marche
depuis plusieurs années, mais aussi la « prise de recul avec l’approche psychanalytique» de cette pathologie et en consacre l’abord
cognitivo-comportementaliste.
Il nous fallait donc réagir si nous ne voulions pas assister passivement au déclin du discours analytique dans les lieux de soins
psychiques, d’où l’idée de créer notre propre structure afin que la
psychanalyse lacanienne ne soit pas cantonnée à l’avenir dans une
pratique de cabinet. Je précise «lacanienne», car nos collègues psychanalystes de la SPP se sont depuis longtemps investis dans la création d’institutions pour enfants ou adolescents et leur « Centre de
consultations et de traitement psychanalytique» s’est ouvert en 1953
à Paris en même temps que la création de l’Institut de psychanalyse
et le départ de Lacan et de quelques autres de la SPP.
Une association ad hoc, l’ACAP-CL-Association des centres d’accueil psychanalytique du champ lacanien- est donc née pour permettre la création de centres d’accueil sur l’ensemble de la France,
le premier étant à Paris.
Évolution du CAPA depuis son ouverture
Nous avons initialement fait une offre de consultations essentiellement axée sur l’orientation et la résolution de problématiques
aiguës, sans limitation de la durée de notre action, mais sans pour
autant faire une offre de traitement qui s’inscrirait dans la durée.
Cette option répondait au souhait de ne pas nous retrouver dans la
situation classique des structures pour adolescents qui ne peuvent
répondre aux demandes avant plusieurs mois.
Tel ne fut pas le cas et, comme cette expérience est un «work
in progress », après quelques mois de fonctionnement nous avons
rapidement fait le constat que notre option de départ ne correspondait pas à l’attente des patients et de leur famille, ni à celle de nos
partenaires institutionnels. C’est pourquoi nous avons modifié notre
offre à la rentrée de septembre 2007 et proposé des traitements sans
limitation de durée et toujours gratuits. Nous l’avons aussi élargie
aux jeunes adultes puisque nous avions des demandes de sujets qui
ne se reconnaissaient que partiellement dans le signifiant adolescent.
Pour accompagner ce changement, l’équipe de consultants a
été renforcée et les plages horaires d’ouverture élargies. Cette évolution a été payante en termes d’activité puisque nous enregistrons
depuis septembre 2007 une nette croissance des nouvelles
demandes de rendez-vous et du nombre de consultations. L’accroissement de notre activité tient aussi beaucoup à ce que nous sommes
maintenant mieux connus et reconnus par les structures spécialisées
dans l’adolescence ainsi que par les médecins généralistes et psychiatres. Nous enregistrons maintenant une moyenne de six à sept
nouvelles demandes par mois et réalisons environ soixante consultations par mois.
Notre vœu est de voir cette première expérience se multiplier
sur la France.
Sommaire
Patrick Barillot : Introduction
Textes sur la clinique de l’enfant et de l’adolescent dans l’institution
Brigitte Hatat : Mère et fille
Laurence Mazza-Poutet : Un enfant dans l’institution
Claire Harmand : Quelles demandes à l’adolescence ?
Claire Duguet : Une pratique clinique de l’anorexie
dans un service hospitalier de médecine générale
Travaux des cartels
David Bernard : L’identité de l’enfant
Séminaire Champ lacanien 2007-2008 : Éthique et discours
Martine Menès : Le maître du discours
Séminaire École 2007-2008 : Variations sur le symptôme
Luis Izcovich : Le symptôme-nœud
Textes d’introduction au 5e rendez-vous de l’IF-EPFCL :
Les temps du sujet de l’inconscient
Préliminaire 5 Ramon Miralpeix : Maintenant, notre temps
Préliminaire 6 Lydia Gomez Musso : Le transfert est l’intrusion du temps de savoir dans l’inconscient
Texte d’introduction aux journées nationales de novembre 2008:
Le champ lacanien et le psychanalyste
David Bernard : La psychanalyse conduit-elle à une vision du monde ?
Chroniques
Lecture
Patricia Dahan : Une expérience en CMPP
Des nouvelles de «l’immonde» n° 12
Claude Léger : De la nocivité de certains psycho-stimulants