Mensuel 035 – Juin 2008

Introduction

Par Martine Menès

Ce numéro du Mensuel est le dernier réalisé par le bureau et l’équipe éditoriale actuelle, que je remercie pour son travail régulier et assidu, effectué avec sérieux et patience.
Le Mensuel a poursuivi la publication des textes des séminaires, pour l’essentiel tenus à Paris mais aussi dans les régions, des textes proposés par les membres, que nous avons choisi de regrouper, autant que possible, par thèmes : les cas de Freud, la clinique des enfants, par exemple pour les derniers numéros, et enfin les textes et les arguments préparatoires aux évènements de l’EPFCL-France et de l’IF.
Ainsi, dans ce numéro, vous pourrez lire trois textes introduisant aux thématiques du Rendez-vous international à São Paulo des 5 et 6 juillet 2008 sur « Les temps du sujet de l’inconscient ». Gabriel Lombardi rappelle comment la psychanalyse remet les pendules du névrosé à l’heure, heure qui est toujours en fin de compte celle de la mort. Christian Ingo Lenz Dunker pense la psychanalyse dans l’époque actuelle, marquée par une dégradation des modalités de discours, tout en la situant comme constituante du temps de ladite époque. Marc Strauss, dans un billet d’humeur, en appelle au manque de temps, qui n’est jamais que l’écran derrière lequel se déroulent les métonymies du manque fondamental, évoquant la rencontre déjà ratée et cependant ignorée.
Jean Pons, rebondissant sur les recommandations de Lacan, propose, dans un texte introductif aux Journées nationales des 22 et 23 novembre 2008 à Paris sur « Le Champ lacanien et le psychanalyste », que les psychanalystes s’intéressent à cette nouvelle dimension entre réel et imaginaire qu’est le virtuel.
Depuis cette année sont également publiées les interventions qui ont lieu lors de temps internes à l’EPFCL-France de préparation aux journées nationales et au Rendez-vous. Ainsi, dans ce numéro, Josée Mattei nous fait voyager à travers les conjugaisons pour illustrer comment le sujet est locataire du temps, et Géraldine Philippe nous rappelle les enseignements de Lacan sur le maniement du temps dans la cure. Toutes deux ouvrent à la lecture des travaux publiés dans le Volume préparatoire au Rendez-vous.
Le Mensuel s’est également enrichi de nouvelles rubriques comme celle intitulée « Travaux des cartels », où nous trouvons ce mois-ci une intervention de Rithée Cevasco portant sur la formalisation paradoxale du cartel. En effet, Lacan part de la logique du groupe pour la subvertir et transformer par une torsion le un de l’exception en un plus-un, ce quelconque qui n’est pas n’importe qui. Ainsi, le dispositif du cartel, central à la formation de l’École, répond à la logique du pas-tout.
Également nouvelle la rubrique « Chroniques », où notre ami Claude Léger commente chaque mois, dans une verve légère et néanmoins acérée, l’actualité du champ de l’éducation et de la santé mentale, avec une vivacité propre à soutenir notre orientation clinique et théorique par la psychanalyse, face à un discours courant qui ne lui laisse guère de place. Cette rubrique est ouverte aussi aux lectures, commentaires, débats qui intéressent chacun.
Au centre de ce numéro nous publions un certain nombre de textes du séminaire Champ lacanien 2007-2008, « Éthique et discours », organisé par le Conseil d’orientation. D’autres interventions ont déjà été publiées dans les numéros 31 et 34, les prochaines le seront dans les numéros suivants.
Jacques Adam articule l’éthique de la psychanalyse à la fonction du discours, dont il donne une définition précise, s’appuyant sur l’élaboration progressive de Lacan. Le s perdu des paroles recouvre la perte structurale de ce qui ne peut se dire tout autant qu’il recouvre l’interprétation sans parole.
Patricia Dahan continue avec une lecture du « bien-dire », qu’elle met en rapport avec le non-sens, en insistant sur la fonction de déchiffrage dans l’analyse.
Frédéric Pellion présente, en s’appuyant sur des textes de Lacan, les changements et la continuité dans la notion de structure, référence que Lacan conservera jusque dans ses dernières formalisations.
Stéphane Habib, croisant l’enseignement de Lacan et quelques commentaires de philosophes contemporains, souligne le caractère particulier de l’éthique du discours de l’analyste, éthique non prescriptive mais non sans obligation non plus, au sens où elle est l’obligée d’une orientation de ou à partir de l’inconscient.
Luis Izcovich interroge l’incidence du discours psychanalytique sur les autres discours. Il dégage une éthique du bien-dire relative à la jouissance et pas seulement au désir, donc articulée à l’acte. Que la conduite de celui qui s’est laissé instruire par l’impossible en soit orientée jusqu’à savoir aussi faire lien quand il est psychanalyste a une incidence sur la politique de la psychanalyse, et donc sur l’institution qui l’abrite.
Marc Strauss, déployant l’exemple clinique célèbre rapporté par Freud du président qui déclare close la séance qu’il s’apprêtait à ouvrir, démontre avec clarté ce que sont les rets d’un discours avec paroles qui ne savent pas ce qu’elles disent. Cela pour mieux conclure ce que vise la pratique du discours sans parole que Jacques Adam a explicitée : « faire didactique du dire analysant », le mener jusqu’à ne plus s’y croire.
Pour conclure, je souhaite par anticipation la bienvenue à la future nouvelle équipe éditoriale à laquelle reviendra la tâche de publier – entre autres – dans un prochain numéro l’ensemble des textes restants de ce séminaire ainsi que ceux du séminaire École 2007-2008 organisé par les commissions d’École : « Variations sur le symptôme ».

Sommaire

Martine Menès : Introduction

Séminaire Champ lacanien 2007-2008 : Éthique et discours
Jacques Adam : « Un discours sans parole »
Patricia Dahan : Éthique et langage
Frédéric Pellion : Éthique et structure
Luis Izcovich : Éthique et politique
Stéphane Habib : Sujet de l’inconscient et éthique du sujet
Marc Strauss : Comment bien dire (alors) qu’on ne sait pas ce qu’on dit ?
De l’impossible à dire…

Travaux des cartels
Rithée Cevasco : Le cartel, encore ! Le pas tout dans l’École

Textes d’introduction au 5e Rendez-vous de l’IF-EPFCL :
Les temps du sujet de l’inconscient
Préliminaire 7 Gabriel Lombardi : Le maniement du temps
Préliminaire 8 Marc Strauss : L’évasif de l’inconscient et la certitude du parlêtre
Préliminaire 9 Christian Ingo Lenz Dunker : La psychanalyse en son temps

Présentation du volume préparatoire
Josée Mattei : Du temps
Géraldine Philippe : Contretemps

Texte d’introduction aux journées nationales de l’EPFCL-FRANCE de novembre 2008 :
Le champ lacanien et le psychanalyste
Jean Pons : Les voix de l’univers et le psychanalyste (1968-2008)

Chronique
Des nouvelles de « l’immonde » n° 13
Claude Léger : De la guerre contre les majuscules