Billet de la rédaction

 

Lentement l’été glisse vers un sommeil d’or et de feuilles, et déjà, de toutes parts, notre communauté de travail reprend ses activités. Bientôt nous nous rassemblerons à Toulouse pour les journées nationales sur « Le devoir d’interpréter ». En guise de prélude à cet événement, vous pourrez lire, dans ce numéro du Mensuel, deux entretiens.

Dans le premier, Jean-Yves Masson, poète, romancier, mais aussi traducteur, a répondu aux questions de Dominique Marin sur la part de l’interprétation dans la traduction. Il se présente aussi comme théoricien et historien de la traduction. En effet, il travaille, en équipe, sur une Histoire des traductions en langue française. Si les traductions sont des œuvres secondes, elles n’en ont pas moins contribué à l’histoire de la langue française. Au cours de cet entretien sont abordées les relations entre l’auteur d’un texte, son traducteur et le lecteur. Se posera la question : de qui est un texte traduit ? Quant au lecteur, il oublie qu’il lit une traduction. Le traducteur interprète les limites de sa propre langue car il bute sur la part d’intraduisible de celle-ci.

Anne Castelbou-Branaa, quant à elle, est allée à la rencontre de Quentin Sirjacq, qui est pianiste et compositeur-interprète. Dans son travail de composition, il part de ses émotions qu’il ne peut dire avec des mots, qui restent indicibles, et va tenter de les traduire à l’aide de la musique afin qu’elles puissent résonner chez celui qui écoute.

Mais avant d’aborder ces entretiens, vous aurez lu les contributions issues du séminaire EPFCL sur « La parole et son dire » et du séminaire Champ lacanien sur « Croyance, certitude, conviction ».

Dans son texte, Nicole Bousseyroux traite du performatif de la parole et de l’apophantique du dire. Reprenant les références de Lacan à É. Benveniste et à J. L. Austin pour le performatif, elle ne s’en tient pas seulement, pour l’apophantique, à ce qu’en dit Aristote dans De l’interprétation, mais prend en compte la lecture que fit Heidegger du philosophe antique. Cela nous donnera l’occasion de relire ou de découvrir la traduction que Lacan proposa de l’article « Logos » du philosophe allemand.

Prenant son départ du In principia erat verbum, Patrick Valas en profite pour articuler et distinguer parole et langage, non sans aborder la fonction de l’écrit, qui n’est pas sans lien avec lalangue.

Patrick Barillot questionne le lien entre le dire et l’amour en partant d’une remarque de Lacan affirmant que pour l’homme, l’amour va sans dire parce qu’il se suffit de sa jouissance qui couvre tout ; tandis que pour la femme, les choses diffèrent parce que sa jouissance ne va pas sans dire, c’est-à-dire sans le dire de la vérité.

Ce lien entre femme et vérité est examiné, lui aussi, par Lydie Grandet à partir du Séminaire XX, où Lacan parle du « même embarras » entre la femme et la vérité. Cet embarras est à entendre avec cette remarque : « Je parle avec mon corps et ceci sans le savoir. »

Patricia Zarowsky interroge l’articulation entre le dit et le dire. Pour ce faire, elle part de l’énoncé de « L’étourdit » : « Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend » et le met en perspective avec cet autre, « C’est pourtant aux conséquences du dit que se juge le dire ».

Philippe Madet questionne, à son tour, le rapport entre parole et dire. Comment d’une parole faire surgir un dire.

Anita Izcovich interroge la différence entre croyance et certitude en l’articulant au statut que l’amour prend dans l’un et l’autre cas. S’appuyant sur la différence que Lacan introduit, dans R.S.I., entre « y croire » et « la croire » concernant la femme, elle relit Stendhal et André Breton, avant d’interroger le statut de la croyance et de l’incroyance dans la cure analytique.

Avec Bernard Nominé, « conviction, croyance et certitude » sont mis à l’épreuve du nœud borroméen, non sans le dire, puisque le dire fait nœud.

Deux textes, pour conclure ce numéro du Mensuel, s’inscrivent dans le thème des collèges cliniques. Jean-Pierre Drapier, après avoir resitué le statut de l’envie puis celui de la jalousie et après avoir précisé son approche de l’autisme, expose un cas de jalousie chez un enfant autiste.

Quant à Nicole Bousseyroux, c’est du côté de chez Proust et de son Autre érotique, Albertine, qu’elle reprend la question de la jalousie et ce qu’elle cache.

Une fois les dernières pages de ce Mensuel tournées et la lecture vous ayant stimulés, nous nous serons rapprochés un peu plus de nos rencontres dans la ville rose, où vous viendrez, je l’espère, nombreux.

Christophe Fauré

Pdf du Mensuel

Sommaire

Billet de la rédaction

Séminaire EPFCL à Paris
« La parole et son dire »

Séminaire Champ lacanien à Paris
« Croyance, certitude, conviction »

Journées EPFCL 2017
« Le devoir d’interpréter »
Florilège d’entretiens

Envie et jalousie

 

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