Billet de la rédaction
Rejoindre à son horizon la subjectivité de son époque n’est pas toujours facile, il n’est pas aisé d’en comprendre les enjeux et les mouvements. Mais si Lacan insiste sur ce point, c’est qu’il doit être crucial pour la psychanalyse. Être à l’heure de son époque permettrait de ne pas se laisser hypnotiser par l’habillage des temps modernes mais bien de garder la boussole. Ne pas perdre le nord, suivre la structure des corps parlants puisque telle est la visée quand un sujet demande à résoudre ce qui l’encombre ou quand la demande se fait sociale. Penser la psychanalyse dans la cité, c’est ce que ce Mensuel nous invite à faire.
Je vous propose donc de lire ce numéro comme un triptyque qui renverrait en son panneau central quelques éclats de notre temps à travers des textes de la journée « Clinique dans le champ lacanien : au cœur de la cité 1 ». Ce panneau propose des exposés au plus près de la clinique, des réflexions sur les centres d’accueil psychanalytique (les CAP) et sur la place de la psychanalyse aujourd’hui. C’est une place qui dérange, les textes le laisseront entendre. Bannir la psychanalyse des lieux de soin, de l’Université, de la cité, c’est une façon de nier le sujet qui veut dire. Nous ouvrirons l’un des deux volets, qui aborde la question des ségrégations du côté de « la race », laquelle serait produite par le discours selon la définition de Lacan. Enfin, deux textes pour l’autre volet qui attrape en plein vol la jouissance au plus près des corps. Trois volets qui au fond ne convoquent qu’une seule chose : le champ des jouissances. Car c’est bien ce champ qu’il ne faut pas approcher, celui qui commande le sujet et l’écartèle. L’humanité a horreur de ce savoir. La psychanalyse ose l’approcher.
Nous pourrons tout aussi bien ouvrir ou fermer le triptyque, s’arrêter sur un panneau ou l’autre, y restera toujours la trace de ce champ défini par Lacan en 1970 comme le champ lacanien. Et c’est ce champ qui oriente notre pratique et nos élaborations, champ qui fait la spécificité de notre communauté de travail.
Ce numéro pourrait donc être mis en tension avec le séminaire L’Envers de la psychanalyse. Mais, pour aujourd’hui, il s’agit simplement de se laisser enseigner une fois encore par le travail que chacun propose de son cru. Je nous laisse maintenant avec ceux qui se risquent à dire quelque chose de la psychanalyse à partir de leurs expériences diverses et qui sont animés d’un désir qui atteint sa cible.
Nadine Cordova
Sommaire
Séminaire Champ lacanien à Paris
« Les ségrégations »
- Elisabete Thamer, L’interprétation des discours
- Bernard Nominé, La place, la classe, la race
- Bernard Lapinalie, Pourquoi l’école de psychanalyse lacanienne est antiraciste
Une journée sur la clinique dans le champ lacanien : au coeur de la cité
- Psychanalyse dans la cité
- Frédéric Pellion, De la surdité pré-linguale comme nécessitant une extension du domaine de l’Autre
- Luc Faucher, De l’hospitalité à l’asile
- Sidi Askofaré, De l’université… dans le champ lacanien
- Inconscient, symptôme, transfert
- Adrien Klajnman, L’adolescent, symptôme des parents ?
- Nathalie Billiotte-Thiéblemont, Pourquoi ça tombe « allo » ?
- Lina Velez, La clinique avec des enfants et des adolescents psychotiques et ses enjeux
Les cartels de l’école
Autre texte
Bulletin d’abonnement
Anciens numéros
- 1. Journée du 2 février 2019 initiée par l’ACAP-CL (Association des centres d’accueil psychanalytique du champ lacanien) en partenariat avec les formations cliniques RIP (Réseau institution et psychanalyse) et REP (Réseau enfant et psychanalyse).