Billet de la rédaction
Le Mensuel de juin annonce la prochaine trêve estivale. Les textes sont nombreux, qui témoignent d’un travail au long court de recherche théorique ou clinique. Une élaboration partagée avec quelques autres (cartel), parfois nombreux (séminaires ou journées), voire très nombreux (la 1re Convention européenne de juillet 2019 ou les 14es Journées nationales du 30 novembre et du 1er décembre de la même année). Voir le sommaire.
Outils de travail pour certains, objet de reconnaissance pour d’autres, on peut se poser la question de ce que soutient, au-delà des efforts constants d’une petite et courageuse équipe éditoriale, le projet de transmettre les travaux des psychanalystes.
Les psychanalystes, à la différence des autres chercheurs, ne fonctionnent pas par accumulation de résultats mais plutôt par l’irruption dans le travail d’une solution éclair, épiphanique : « Voilà, c’est ça ! »
Ce fonctionnement de la pensée, déconcertant, en lien avec la praxis au sens du traitement du réel par le symbolique, vaudrait pour la recherche comme pour la cure, ainsi, entre le questionnement et la trouvaille, les psychanalystes cheminent tout autant dans le travail théorique.
Qui n’a jamais fait l’expérience d’un long et intense travail sur un concept ou une question psychanalytique sans constater que ce qui semblait une évidence au début s’est complexifié au point de remettre en cause une série de conséquences logiques ? ou au contraire qu’un point resté opaque jusque-là s’est éclairé soudainement avec l’idée d’avoir dénoué un point de résistance théorique et/ou clinique ?
Vu sous cet angle, on pourrait se demander où est l’intérêt de produire et de diffuser des écrits.
Lacan, dans « L’étourdit », nous indique que la psychanalyse est la science du réel pour autant que ce réel soit rencontré comme impossible, du côté de la clocherie fondamentale et qui résiste à la représentation. Un réel hors sens qui répond à l’inexistence du rapport sexuel et qui ne passe pas au savoir.
Ainsi, s’il y a une cohérence dans l’ensemble des concepts psychanalytiques, ce serait dans une jointure avec le hors-sens. Dans une tentative de la pensée à aborder cet objet a qui échappe radicalement à toute détermination, les psychanalystes sont en perpétuelle recherche. Cela n’exclut pas les moments de fulgurance, mais celle-ci reste ponctuelle et ces moments de trouvaille ne s’accumulent pas pour former l’encyclopédie d’une vie psychique.
Saint Thomas, à la fin de sa vie, résumait son œuvre en parlant de « sicut palea » tandis que Lacan parlait de poubellication pour le commerce de son œuvre.
Est-ce un projet vaniteux et vain que celui d’un recueil mensuel de textes ? Peut-être, mais il est néanmoins nécessaire. Faute d’un système plein d’un savoir supposé lisse et commun, faute d’une doxa qui impliquerait de connaître à l’avance où l’on va, la lecture de ce Mensuel invite à consentir au disparate et à l’agrégat d’un ensemble de textes très divers. Des textes qui ne valent rien, donc, si ce n’est par l’effort, à chaque fois inédit, de leur auteur, de faire le tour, avec un dire – intransmissible lui –, sur un point de ce que dit l’orthodoxie. Il s’agirait de détourer ce qui, dans ladite doctrine, est marque d’impossible.
Bonne lecture et rendez-vous à la rentrée.
Claire Duguet
Sommaire
1re Convention européenne de l’IF-EPFCL, 12-14 juillet 2019, Paris
Préludes
- « Le dire des exils »
- Maria Teresa Maiocchi, Le sel de l’exil
- Bernard Nominé, Et si on allait tous à Cracovie !
- « Journée d’école sur les cartels »
- Rithée Cevasco, L’École des cartels
Journées nationales EPFCL, 30 novembre et 1er décembre 2019, Paris
« Amour et haine »
Présentation du thème
- Colette Soler, Amour et haine
- Natacha Vellut, Amour et haine
- Albert Nguyên, L’édupation sentimentale
Séminaire epfcl à Paris « Transferts »
- Marie-Paule Stéphan, L’expérience du passeur et le transfert
- Lydie Grandet, Pas sans école
- Nadine Cordova, Place au transfert, on ne badine pas
- Patrick Barillot, Y a-t-il un au-delà transférentiel après la passe ?
Cycle de conférences EPFCL à Montpellier
« La psychanalyse, encore »
Entrée des artistes
Séminaire Champ lacanien à Paris « Les ségrégations »
- Patricia Zarowsky, Exil et langue
- Sidi Askofaré, Exil et ségrégations
- Luis Izcovich, Les affects des exils
- Armando Cote, L’exil nu
Une journée sur la clinique dans le champ lacanien au coeur de la cité
« Offre de la psychanalyse dans la cité, un pari ? »
- Dorothée Legrand, Donner lieu : parler au coeur hors de la cité
- Céline Guégan-Casagrande, CAPA. La psychanalyse, un lieu de contrebande ?
- Frédérique Decoin Vargas, Pas de danse
- Christine Silbermann, « Le CAPA, et après ? … »
Les collèges de clinique psychanalytique