Ouverture
Ce n’est pas tâche aisée que d’écrire la psychanalyse. À plus d’un titre.
À considérer que lire et écrire sont un seul et même acte, les textes fondateurs de la psychanalyse ne coulent pas de source.
Lire Freud demande d’entrer dans une écriture – syntaxe, vocabulaire – dépassée. Les nouvelles générations sont bien souvent rebutées en première intention par le style « d’un autre siècle ». Et la traduction de l’allemand en français, Lacan le rappelle régulièrement, n’est pas sans difficulté ; parfois jusqu’au contresens.
Lire Lacan nécessite de suivre un cheminement de réflexion oral dans lequel la pensée se cherche avant de s’affirmer. L’apprentissage de la lecture contemporaine tourné autour des mots-clés et de la mise en valeur de concepts immédiatement accessibles ne prépare pas à une telle approche.
La question se pose alors d’écrire la psychanalyse dans une écriture contemporaine. Chacun trouvera son style propre. Écrire comme Freud, parler comme Lacan, ne garantit pas la pertinence du propos. L’identification aux maîtres n’ouvre pas la voie au désir singulier. Écrire relève de l’intime.
Le rapport à l’écrit est radicalement modifié par l’analyse. L’extime ne prend corps que de s’articuler à l’intime ; sans cette considération, l’écriture reste objectivante et froide. Freud en relatant avec une précision chirurgicale ses cures et Lacan en ouvrant le cheminement de sa pensée témoignent avec une honnêteté notable de la façon dont l’articulation entre intime et extime prend corps pour eux.
Le risque d’écrire
Écrire, c’est prendre le risque de la disjonction entre intime et extime. Passer de l’oral à l’écrit aura été toute la spécificité, et sans doute la difficulté, de la retranscription des séminaires de Lacan. Ce qui est remarquable chez Lacan, c’est qu’il ne parle pas tant parce qu’il a quelque chose à dire que pour découvrir ce qu’il a à dire. Toute la puissance de son enseignement est là. Le paraphraser, c’est perdre le sens de la psychanalyse qui est de découvrir ce que nous avons à dire.
Écrire et être corrigé
Un comité de lecture ne vise pas seulement la cohérence d’un sommaire ou de références. Il doit être, à mon sens, le garant de l’adéquation entre son intention et la visée du Mensuel qu’est le lecteur. L’attention du correcteur quant à la syntaxe défaillante, à la ponctuation – une simple virgule peut changer le sens d’une phrase –, à ce qu’il ne comprend pas ou trouve confus, prévient l’inadéquation entre l’intention et la visée. Écrire pour le Mensuel, c’est consentir au travail du correcteur. Le correcteur se place entre l’auteur et le lecteur. Ainsi garantit-il que ce dernier ne soit pas oublié ou effacé par le propos.
Puisse le Mensuel témoigner, au sein de notre communauté, de ce travail sans cesse à remettre sur le métier.
Jean-Marie Quéré
Ouverture
Séminaire École
J. Lacan, D’un discours qui ne serait pas du semblant Séance du 20 janvier 1971
Comment parler du corps ?
- p. 21-25 Introduction Yann Dujeancourt-Mesure
- p. 26-34 Le(s) corps en psychanalyse : parcours Nadine Cordova
- p. 35-42 Se faire un corps. Entre ardeur et vacuité Brigitte Hatat
Logique du fantasme (1/2)
Entre-champs
Entretien avec Sabine Huynh
Paris 2024
XIIe Rendez-vous de l’Internationale des Forums
L’angoisse, comment la faire parler ?
- p. 83-85 Argument Patrick Barillot
- p. 86-87 Antécédents de la question Gabriel Lombardi
- p. 88-89 L’empoigne Marc Strauss
VIIIe Rencontre d’École
Savoir et ignorance dans le passage à l’analyste
Brèves
- p. 94-95 propos de Dessins et maux d’enfant, de Marie-José Latour Anne Migliorini
- p. 96 À propos de En toi plus que toi, de Nicole Bousseyroux Josée Mattei